Sommaire :
Les premiers pas de Captain Startup, ma première entreprise, datent de septembre 2012. Je vais revenir dans cet article sur les raisons qui ont mené à l’arrêt du projet près de 3 ans après. Confondé par Lauris Jullien et moi-même, Captain Startup était une plateforme web guidant les porteurs de projets d’entreprise dans la construction de leur projet. Si nous n’étions pas les seuls sur ce secteur aux débuts du projet, les nombreuses initiatives en la matière ayant vu le jour en 3 ans confirment que nous avions raison de croire qu’il existait un besoin. Mais alors comment avons nous fait pour (il faut bien le dire) échouer ?
La différence entre théorie et pratique
Même aujourd’hui avec le recul, je suis fier de la méthodologie que nous avons établie pour les entrepreneurs : un enchaînement de "missions" les guidant dans les principales étapes de leur projet, afin de le structurer et dépasser le stade de l'idée. Il est bien sûr toujours possible de s’améliorer, mais nous avons réussi à produire un contenu de qualité, qui a vraiment aidé de nombreux entrepreneurs, comme nos utilisateurs nous l’ont dit. La théorie n’est pourtant pas la pratique : nous avons nous-mêmes commis une bonne quantité des erreurs que nous exhortions nos utilisateurs à éviter. Lisant récemment un document intitulé les 10 erreurs que vous ferez en tant qu’entrepreneur débutant, je n’ai pu que constater que nous en avions fait certaines (les 2, 3 et 9.5 plus précisément), même si je sais depuis bien longtemps qu’elles sont à éviter. Revenons donc sur les erreurs qui, pour moi, sont les principales causes de l’échec de Captain Startup.
Le syndrome du travail bien fait
C’est pratiquement le premier conseil que je donne à tout entrepreneur que je rencontre :
"teste ton produit le plus rapidement possible, n’attends pas qu’il soit tel que tu l’avais imaginé."
Pourquoi ? Parce qu’il y a d’infimes chances pour que ce produit soit celui dont le marché a besoin. Mieux vaut le sortir le plus rapidement possible pour le confronter au marché et ensuite être sûr de le faire évoluer dans la bonne direction. De notre côté, nous avons mis plus de 6 mois à sortir notre première version. Une éternité, donc… Ce qui n’a fait que rendre la distance entre notre service et les besoins du marché plus grande à combler. Pour moi, une startup web doit être en mesure de sortir un prototype en un mois maximum, même si cela implique de faire appel à des services tiers, d’effectuer à la main des tâches qui seront automatisées plus tard ou de ne fonctionner que dans certains cas très précis.
Passer à temps partiel
La seconde erreur paraît grossière, et pourtant… Nous avons en effet commencé à travailler à temps plein sur le projet, et sommes passés à temps partiel une fois la plateforme web mise en ligne… C’est à dire au moment où le véritable travail (marketing, test avec les utilisateurs, essai de différents business models…) commençait. Nous pensions pouvoir nous en sortir à temps partiel, mais c’était tout simplement trop difficile à gérer.
Repousser l’échéance
Nous avons ensuite poursuivi dans notre erreur initiale en repoussant l’échéance pour beaucoup d’étapes pourtant décisives : l’essai de business models, l’organisation d’événements nous permettant de tester l’utilisation de notre plateforme en coachant des porteurs de projet… Pas besoin de chercher bien loin pour trouver des excuses justifiant que nous ne sommes « pas encore prêts » pour le faire. Mais ne nous voilons pas la face : nous savons très bien qu'il s'agit de mauvaises excuses très commodes pour éviter des tâches déplaisantes, prenantes ou terrifiantes. Au bout du compte, les seuls événements marquants en un an et demi de temps partiel ont été l’organisation d’un événement de coaching avec des porteurs de projet et la participation au concours de pitch 101 projets devant Xavier Niel, Marc Simoncini et Jacques-Antoine Granjon. Des moments forts assurément, mais pesant bien peu pour la réussite d’une entreprise.
« Put your money where your mouth is »
Enfin, le fait d’avoir investi un montant assez faible dans l’entreprise a également eu deux effets pervers. Tout d’abord, au moment où le temps disponible commençait à manquer, la perspective de perdre cet investissement en laissant notre startup décliner n’eut pas beaucoup d’impact. Ensuite, en commençant avec peu de moyens, nous avons eu la mauvaise idée de vouloir tout faire nous-mêmes : pas d’expert comptable, uniquement des services gratuits… Par conséquent, nous avons perdu beaucoup de temps dans des tâches sur lesquelles nous n’avions pas de valeur ajoutée, au lieu de travailler au développement de notre startup. Je ne qualifie pourtant pas notre faible investissement d’erreur, puisqu’il serait mal avisé de se mettre en danger sur une première expérience entrepreneuriale. De manière générale, je déconseille d’investir toutes ses économies dans une startup, et encore plus de s’endetter : ce n’est pas le rôle de l’entrepreneur d’investir tout son patrimoine personnel dans une entreprise. Mais le modèle "bootstrapping dans son garage" a tout de même ses limites : certaines dépenses sont vraiment incontournables, sous peine de perdre un temps considérable en étant mal équipé.
Et maintenant ?
Si elle n’a pas été couronnée de succès, cette expérience a pourtant été extrêmement bénéfique ! Parce que nous nous sommes bien amusés, d’abord, nous avons vécu de belles aventures, fait des rencontres incroyables, reçu des messages de soutien touchants et accompli des choses dont nous sommes fiers. Nous avons surtout énormément appris ! Aujourd’hui, alors que je crée une nouvelle startup, cet apprentissage est probablement mon allié le plus puissant. Enfin après mon associé, tout de même ! Ma nouvelle startup, Dialoog, est une solution synthétisant en temps réel les réponses à des questions ouvertes, idéale pour séminaires collaboratifs et enquêtes en ligne. Notre vision ?
La fin de la communication à sens unique : s’il est aujourd’hui facile de communiquer vers les masses (des employés, des clients, des électeurs…), il est beaucoup plus complexe de pouvoir tous les écouter. Dialoog, c’est la réponse à cette problématique. Et si un entrepreneur est toujours confiant pour son projet, je suis TRÈS confiant pour celui-là : nous avons sorti une version bêta en un temps record, nous sommes à 100 % sur le projet et le resterons, les choses avancent au quotidien (nous ne nous cherchons pas d’excuses pour remettre à plus tard la prospection !), nous ne rechignons pas devant les dépenses de quelques centaines d’euros qui nous facilitent énormément le quotidien (bureaux, stagiaires, experts comptables, outils en ligne…) et nous avons investi personnellement 10 fois plus que dans Captain Startup ! Alors bien sûr, ne pas refaire les mêmes erreurs ne signifie pas que nous n’en referons pas de nouvelles, mais l’optimisme est le propre de l’entrepreneur... et nous avons de solides arguments en faveur du projet et de l'équipe ! Un grand merci à celles et ceux qui nous ont aidé et soutenu dans ce beau projet qu'était Captain Startup : nous sommes grâce à vous plus préparés et déterminés que jamais pour relever les nouveaux défis devant nous !