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Cet article vous est proposé par Jeremy Ley, co-fondateur de SparkUp Les startups sont exclues des modes de financement traditionnels car elles évoluent dans des secteurs nouveaux, où l’essentiel des actifs est intangible, avec un apport personnel généralement faible. Exit donc les banques. Pour les startups « early stage » dont les metrics et autres preuves de concept sont rares, il est également difficile de convaincre les réseaux de business angels et les fonds de capital risque. Ces startups ont donc tendance à s’orienter vers des modes de financement alternatifs comme l’equity crowdfunding.
Elles font également appel au lovemoney au tout début de leur création et s’adressent seulement aux individus de leurs cercles proches (amis, famille). Le lovemoney n’est pourtant pas si limité. Il permet de répondre à des besoins en capitaux plus importants. A la croisée entre le crowdfunding et le lovemoney, on parle de socialfunding : c’est une façon d’exploiter le lovemoney de manière plus industrialisée afin de lever des montants plus élevés.
Le potentiel inexploité du lovemoney
Le potentiel du lovemoney est souvent sous-estimé par les entrepreneurs. D’après une étude de MoneyTree et du National Association of Seeds and Venture Funds, aux Etats-Unis, entre 60 et 140 milliards de dollars sont investis chaque année en lovemoney. C’est trois fois plus que le total investi par les fonds de capital-risque, gouvernementaux et les business angels réunis. La méconnaissance de cette opportunité de financement vient principalement de la vision trop étroite qu’ont les startups de leur entourage. En réalité, la réussite d’une levée de fonds en Lovemoney dépend de la sollicitation du réseau élargi de l’entrepreneur (anciens collègues, contacts professionnels, contacts des réseaux sociaux, réseau du réseau, etc.).
Qui investit en lovemoney ?
Dans le lovemoney, on distingue 3 types d’investisseurs : les copains, les cousins et les cinglés. Les deux premières catégories s’apparentent au réseau proche de l’entrepreneur (amis, famille). Les « Cinglés » représentent les investisseurs du réseau éloigné de l’entrepreneur, le réseau de son réseau, une relation d’un collègue de travail qui a entendu parler du projet, une connaissance rencontrée à une conférence ou encore un ami de votre voisin. Comme le constate Vincent Ricordeau, Cofondateur de KissKissBankBank (plateforme de crowdfunding en don), les projets en crowdfunding sont en réalité portés par le lovemoney : « 50% des fonds levés proviennent des proches, et 25% du réseau étendu ». C’est pourquoi nous préférons parler de socialfunding plutôt que de crowdfunding.
Pourquoi le réseau est-il plus facile à convaincre?
La décision d’investissement pour ce pari risqué est en général conduite par trois motivations principales : la perspective de gains financiers, l’appétence au projet et la confiance en l’entrepreneur dans sa capacité à mener à bien son projet. C’est en faisant appel au réseau de l’entreprise et de l’entrepreneur qu’il est le plus facile de rencontrer ces types d’investisseurs. En effet, ils maitrisent mieux le risque lié au projet et à l’entrepreneur. Ils vont plus facilement se faire un avis sur le porteur de projet car ils le connaissent déjà ou car il leur a été recommandé. Ils comprendront également mieux l’intérêt du projet car ils connaitront probablement le secteur du projet. Benedicte Poncet, créatrice de Mix, un espace de coworking a levé 300 000€ en lovemoney pour lancer son activité: « Je savais que ma famille et mes amis voulaient s’investir dans mon projet. Je me suis alors lancée dans le lovemoney »
La clef d’une levée de fonds réussie: oser faire appel à son réseau
Le réseau permet de donner de véritables coups de main au niveau professionnel. Que ce soit pour trouver un travail, demander des informations ou être mis en relation avec une personne, il est régulièrement sollicité. Seulement, pour chercher des capitaux, les startups n’ont pas toujours le réflexe de s’adresser à leur réseau étendu. Pour les tous premiers fonds, elles vont, certes, faire appel à leurs familles et quelques amis, mais elles n’osent pas toujours contacter plus de monde. Pourtant, aujourd’hui, nous sommes tous connectés via les réseaux sociaux et nos boites mails. Il est donc beaucoup plus facile de communiquer sur son projet de financement, et il est vital pour le succès du développement des startups de le faire. Ainsi, en faisant appel au lovemoney, il est plus aisé de convaincre de potentiels investisseurs et de trouver plus facilement ces premiers fonds qui sont généralement les plus durs à obtenir.
Lever des fonds à des conditions plus avantageuses
Non seulement le lovemoney est un très bon moyen pour les startups de trouver des fonds, mais aussi, cela permet d’obtenir des conditions avantageuses de pactes d’actionnaires et de valorisation. En effet, à la différence des BA et des fonds d’investissement, les documents juridiques sont généralement rédigés par l’avocat de la startup. Les conditions seront donc orientées dans l’intérêt de cette dernière. De plus, en s’adressant à de nombreux potentiels investisseurs en même temps, un pouvoir de négociation dans le sens de la startup va s’installer naturellement. C’est le vieil adage « diviser pour mieux régner ». Satyam Dorville, cofondateur de Carfully (plateforme de location de véhicules entre particuliers en Martinique) témoigne ainsi qu’en utilisant SparkUp pour son opération de socialfunding: « j’ai levé 126 400 avec une valorisation et un pacte très intéressants ».