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Le titre est glauque et pessimiste, je vous l'accorde. Mais il écarte en même temps tout suspense, puisque j'ai bel et bien survécu (la preuve, je vous écris aujourd'hui).
Je ne vais pas refaire un laïus sur les chiffres du chômage chez les jeunes en France.
Aujourd'hui en poste depuis 3 ans dans une entreprise qui me plaît, je repense aux quelques années qui me séparent de l'obtention de mon diplôme : 4 années. Dont une année de chômage. Et je peux vous assurer que sortir d'une bonne Ecole de Commerce, diplôme sous le bras et la tête pleine de bonne volonté, et se retrouver au chômage sans parachute, ça fait un petit choc.
Discours académique VS réalité du terrain
Pourtant, lorsque j'étais sagement assise sur les bancs neufs de mon Ecole, ce n'était pas du tout la situation décrite par mes profs.
"Lorsque vous sortirez d'ici, vous serez chef de produit marketing, auditeur financier, responsable des achats ou encore directeur général d'une grande entreprise, à La Défense, et votre salaire sera de minimum 50K".
Arnaque !!! Dit comme cela, ça paraît évident. Mais quand on a tiré 3 ou 4 années ou plus à se faire raconter une belle histoire, je vous promets qu'on redescend très (très) vite.
D'un côté, je trouve que le fait d'être propulsée sur le bitume dès l'obtention de son diplôme oblige à sortir très vite sa carte joker. Soit on doit faire jouer son réseau (bien que les pistons relèvent d'une ancienne époque), soit on devient créatif. Je vous avoue que ma première réaction a été la panique. Puis la déprime. Puis la course à un but inconnu. Peut-être un besoin de reconnaissance sociale, une peur d'être jugée par ses proches (et dans proches, j'inclus les parents qui ont gentiment financé les études), ou tout simplement un besoin incompressible de rentrée d'argent. Toujours est-il que mes premières actions ont été de prendre un rendez-vous avec l'APEC, me faire financer un compte LinkedIn Premium (il me semble que cette formule n'existe plus, désolée mes cocos), et de faire tourner l'imprimante en plein régime, pour envoyer des candidatures aux quatre coins de la France, à la simple vue d'un intitulé de poste pouvant ressembler de près ou de (très) loin à un débouché logique conformément aux discours académiques.
"Quand l'ascenseur est en panne, prends les escaliers"
Au bout de quelques mois, voyant que mes candidatures ne menaient à rien car pas qualitatives du tout et pas personnalisées non plus, j'ai commencé à chercher dans mon réseau. Par où commencer ? Et quelle légitimité a-t-on en tant que jeune diplômé avec pour seule et unique expérience un stage de césure et un stage de 3ème ? Un dicton me revient : "Quand l'ascenseur est en panne, prends les escaliers". C'est alors que j'ai décidé de créer un blog, d'une part parce que c'était tendance à l'époque, et d'autre part parce que j'adore écrire sur mes découvertes Food.
Puis tout est allé très vite. J'ai multiplié mes apparitions à toutes les conférences FoodTech de ma ville, surtout celles auxquelles je n'étais pas conviée. Et puis j'ai commencé à rencontrer des gens. J'ai repris contact avec une entreprise que j'avais interviewée lors de mon mémoire de fin d'études, et la start-up en question a bien voulu me proposer un contrat. Sauf que vu qu'il s'agissait d'une toute petite start-up composée de 2 personnes = les 2 co-fondateurs, ils n'avaient pas assez pour me proposer un contrat salarié ; j'ai donc accepté de me créer un statut d'auto-entrepreneur. Aussi, je passais de "jeune diplômée au chômage" à "consultante en marketing culinaire" ainsi qu'à "blogueuse food et innovations". Pas mal, non ? Et mine de rien, mon blog m'a ouvert pas mal de portes, aussi bien en pro qu'en perso. A ce jour j'ai décidé de le clôturer par manque de temps de l'alimenter, mais je ne regrette rien.
Comment hacker son futur employeur
Malgré ce beau step, je n'étais pas stable. Le matin, je travaillais comme commerciale dans la start-up jusqu'à 13h00, puis l'après-midi je donnais des cours particuliers au black (haaaan), et le soir de 19h00 à minuit j'étais équipière polyvalente au Quick à côté de chez moi, car mine de rien il faut bien gagner des sous ! Je ne regrette rien, ni les Saint Valentin passées au drive du Quick, ni les après-midi à me faire crier dessus par des clients pressés d'être servis, ni les réveils difficiles.
Au bout de 8 mois, j'ai eu envie de retrouver un VRAI emploi du temps, et un VRAI et unique emploi. J'avais envie de rentrer dans une case, et avoir l'esprit tranquille. J'ai alors envoyé 3 ou 4 mails, personnalisés cette fois, à l'entreprise de mes rêves. Rien. Rien, rien et rien. Aucune réponse. C'est alors qu'un beau matin j'ai décidé de faire un petit détour et de toquer à la porte de la-dite entreprise de mes rêves (je m'étais bien sûr rencardée en amont sur les coordonnées, l'étage, j'avais enquêté sur le code de la porte, bref on aurait pu croire à une mission cambriolage). Lorsqu'une jeune femme blonde m'a ouvert la porte, les yeux écarquillés, j'ai déballé ma demande d'embauche, ma motivation à toute épreuve, bref j'ai tout donné. "Il n'y a personne des RH ici mademoiselle, laissez simplement votre CV et on vous rappellera". C'est tout ?! Arnaque encore une fois !!!
J'étais dépitée, lorsqu'une semaine plus tard je reçois un appel de cette entreprise qui me convie en entretien. La RH ? La jeune femme blonde qui m'avait ouvert la porte. J'ai réussi à la convaincre en bonne et due forme cette fois, j'ai passé les autres étapes de recrutement, et me voici.
Ouf, mon histoire est terminée et elle se termine bien.
Moralité ? Si l'ascenseur est en panne, et que les escaliers sont glissants, sautez par la fenêtre. Il y a toujours une solution. Il y a toujours une issue possible, et les parcours atypiques sont d'ailleurs valorisés. Faites bien attention au discours académique, préparez-vous à la réalité du terrain, dites-vous que rien n'est facile dans la vie surtout au niveau professionnel. Et enfoncez des portes.