Alina, ingénieure en techno Java et web : "il y a une dimension vraiment humaine dans mon métier"

Alina, ingénieure en techno Java et web : "il y a une dimension vraiment humaine dans mon métier"

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Publié le 21 février 2018 , par Cherie Gamble

Dans un métier majoritairement masculin, Alina évolue en tant qu'ingénieure sénior dans les technologies Java et web chez Viseo. Elle nous raconte son parcours, son quotidien ainsi que les compétences requises pour réussier dans ce métier qui la passionne ! 

Hello Alina, peux-tu nous décrire ton parcours ?

Bonjour Cherie,

Je suis originaire de Roumanie et, après 5 ans d’études d’ingénieur en informatique à l’Ecole Polytechnique de Bucarest, j’ai postulé pour une bourse Erasmus afin d’élaborer mon projet de fin d’études à l’étranger. 

Mon école proposait l’Allemagne, l’Espagne et la France et comme j’avais étudié un peu de français au lycée, le choix a plutôt penché vers le laboratoire LISTIC de l’Université de Savoie, pour un projet de fin d’études « recherche ». Ça a été très bénéfique pour moi – après avoir mené à bonne fin le projet, (malgré mes difficultés en français 😊 ), j’ai décidé de partir plutôt vers l’industrie, car la recherche ne me convenait pas.

J’ai enchainé avec un Master 2 Pro Génie Logiciel à l’Université Joseph Fourier (actuelle Université Grenoble Alpes) à Grenoble, dont le stage a été un vrai tremplin pour trouver un travail, et me voilà travailler en France, dans l’informatique, depuis 8 ans maintenant !

Je travaille en tant qu’ingénieur sénior dans les technologies Java et web chez Viseo, une ESN (entreprise de services du numérique) du bassin grenoblois. 

Sur quels critères t’es-tu basé pour choisir cette entreprise ?

Au début, on ne s’est pas choisis avec Viseo ! Ou plutôt, à la fin de mon M2, j’avais 2 offres d’emploi, une pour un éditeur de logiciel et l’autre pour une SSII. J’ai suivi les conseils de mes amis qui travaillaient déjà et opté pour l’éditeur. A l’époque, les ESN avaient une mauvaise réputation. Mais malheureusement, mon éditeur travaillait dans la finance et a été touché par la crise financière de 2008-2010 donc après seulement quelques mois, je me suis retrouvée à rechercher un poste, suite au licenciement économique…

J’ai eu la chance que Viseo réitère l’offre précédente et, en commençant mon nouveau travail, je me suis rendu compte que les craintes envers les ESN et particulièrement celle-ci n’était pas du tout fondées. J’ai retrouvé chez Viseo une ambiance, détendue et conviviale, et techniquement, des projets et missions toujours intéressants !

Comment as-tu décroché ton CDI ?

Le M2P Génie Logiciel impose un stage de 6 mois le 2ème semestre, en binôme et en entreprise ou labo de recherche. L’équipe universitaire de ce master a fait un travail extraordinaire pour recenser un grand nombre d’entreprises qui proposaient des stages.

Le stage n’est pas seulement l’occasion de s’exercer dans un milieu professionnel réel mais également de connaitre des gens et commencer à se faire un réseau.

Pour mon stage chez Bull, nous avons eu deux maitres de stage, dont un conseiller d’une entreprise tierce – Objet Direct, actuellement Viseo. J’ai bénéficié de son soutien pour passer un entretien d’embauche et intégrer Viseo par la suite.

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Quelles sont tes missions principales ?

En tant que consultante dans une ESN, mes missions sont très variées et différentes d’un client à l’autre. Je travaille principalement dans les locaux des clients pour des missions de moyenne durée, de 3 mois à 2 ans. J’intègre l’équipe existante sur le poste souhaité, en général développeur logiciel senior mais j’ai eu récemment une mission de technical leader également.

Principalement, en arrivant sur un projet, je dois comprendre les besoins du client, s’il s’agit d’un projet qui débute et contribuer ou guider aux choix des technologies à utiliser, éventuellement des investissements matériels indispensables dont le projet a besoin (achat de serveur, domaine...). 

La prochaine étape est de réfléchir aux points qui pourrait être les plus bloquants dans le développement du projet et de venir avec de potentielles solutions techniques en avance de phase pour anticiper les difficultés. Il est important de clarifier au maximum les risques du projet dès le début, pour éviter les retards.

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Vient après la phase de développement proprement-dite et la mise en place du projet. Ici, on élabore un planning soit en suivant les méthodes Agile soit en s’adaptant à la méthodologie du client. L’équipe peut varier en taille et comprendre des métiers différents : développeurs, chef de projet et/ou product owner, responsables qualités, designers et il est important que la méthodologie de travail fasse communiquer tout ce petit monde le plus efficacement possible, en comprenant ce que les autres font. On s’aide souvent de petits proof of concept pour les fonctionnalités plus compliqués et on choisit les tâches en fonction de nos préférences. En général, toute méthodologie s’accompagne de démos régulières pour valider et ajuster les features du logiciel. 

Je ne peux pas négliger, en tant que développeur senior, la dimension d’accompagnement des juniors, en insistant sur la qualité du code, l’intégration continue pour assurer la stabilité, la documentation et l’industrialisation en général, dimension qui est encore plus forte dans des missions de technical leader. 

Peux-tu nous décrire une journée type ?

Une journée type n’est jamais la même d’un projet à l’autre. En général ça commence toujours par un point avec toute l’équipe pour informer les autres de l’avancement sur notre tâche en cours et être au courant du progrès général.

La journée peut varier avec des réunions de planning pour définir les fonctionnalités à développer dans les prochaines semaines, ou alors continuer avec la communication téléphonique ou par email avec le client pour clarifier certains aspects.

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Je suis amenée tous les jours quasiment à faire du design ou du développement, du bug-fix, de la recherche pour le choix d’une bibliothèque logicielle à utiliser.

La grande journée de la mise en production d’un projet est en général une occasion de stress mais aussi de grande joie, il peut arriver qu’on fête cela au resto, ou avec un petit déjeuner spécial pour marquer le moment.

L’une de tes missions préférées du moment ?

La première moitié de l’année dernière, j’ai travaillé sur un projet de recherche clinique avec le Centre Hospitalier Universitaire de Grenoble pour mettre en place un programme de suivi et motivation des patients obèses, dont certains avec des affections cardiaques et de l’apnée du sommeil.

Les patients étaient inclus dans la recherche clinique après une visite médicale qui permettait de leur prescrire un programme de sport régulier, dans un créneau dédié, afin de les réattirer vers l’activité physique, tout en s’adaptant à leur physique et à leurs besoins.

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Les participants ont été équipés d’une montre de fitness, d’une balance et d’un tensiomètre connectés, pour pouvoir suivre leurs progrès ainsi que pour donner la possibilité au médecin et entraineurs de sport de les suivre également.

J’ai travaillé en tant que leader technique d’une équipe responsable du développement d’une application mobile pour le patient avec un calendrier des séances de sport et des diverses mesures du patient, récupérées à travers ses dispositifs connectés : un vrai projet IoT au gout du jour !

De l’autre côté, nous avons élaboré une interface pour le suivi par le médecin et une interface pour la planification des séances de sport par les coachs des différentes associations.

En plus de l’aspect recherche et de l’utilité du projet, j’ai apprécié aussi l’expérience technique et humaine, car ça m’a permis de suivre vraiment toutes les étapes du projet, de la conception à la mise en production, passant par le recueil de besoins avec les différents intervenants : associations de sport, médecins, patients. Nous avons passé quelques mois très riches, avec des hauts et des bas, mais ça a été une expérience très positive.

J’aimerais mentionner aussi mon projet actuel, toujours dans le monde de l’IoT, chez HP Enterprise, une plate-forme qui permet le transit et le traitement des messages venant des tout objet connecté, que ce soit des capteurs d’humidité ou alors des caméras et des capteurs de places de parking libres dans les « villes intelligentes ». L’enjeu est différent car la quantité de données traitées est énorme et on doit se soucier de la performance, la vitesse de traitement.

Plein d’aspects très intéressants du point de vue technique ! 

Selon toi, quelles qualités faut-il pour faire ce métier ?

Malgré la réputation de « code monkey » des développeurs, il y a une dimension vraiment humaine dans ce métier : pour que le projet se déroule bien, il faut que l’équipe communique, sans pointer du doigt quand une « catastrophe » survient. Il faut avoir de la patience, de la tolérance envers les autres car on n’est pas à l’abri de se tromper nous-même aussi et une certaine pédagogie pour expliquer les solutions implémentées.

Puis, de point de vue « technique », il faut être organisé, impliqué, soucieux du détail, faire preuve d’esprit analytique, parfois être critique de façon diplomatique 😊

Pour travailler dans une ESN, il faut être très adaptable et aimer le changement, avoir un bon relationnel, car on change de collègues très souvent.

En tant que femme dans le métier, il ne faut pas hésiter à soutenir son point de vue (préalablement documenté, bien-sûr). Cela vient avec l’expérience, on se sent beaucoup plus légitime

...mais encore aujourd’hui, les filles sont encouragées par l’éducation à être conciliantes, à éviter la confrontation, parfois au détriment de leur propres convictions ce qui en tant que développeur n’est pas bénéfique...

– en soutenant différents points de vue on peut arriver aux solutions les plus optimales ou bien découvrir des problèmes. 

Ce métier n’est que très peu mixte et c’est dommage car il est passionnant, mais je comprends que ça peut décourager quelques-unes du fait de la majorité masculine commençant sur les bancs de l’école. J’espère toutefois que, à travers les actions des différentes associations comme Girls Who Code ou Duchess, la part des femmes dans la technologie va augmenter petit à petit.

 

Comment te vois-tu évoluer dans ton poste ?

J’aimerais évoluer vers plus de missions de leader technique et architecte logiciel pour contribuer plus globalement aux projets, sans pour autant renoncer au code. J’aime le code et je sens que le métier de chef de projet ne serait pas la bonne direction pour moi.

Bien-sûr, tout dépend du contexte et du client mais la richesse des technos et des projets ne m’a pas encore donné l’occasion de m’ennuyer.

Merci Alina, nous te souhaitons le meilleur pour l'avenir ! :)

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