Wizbii te présente Doctrine, une start-up lancée en 2016 par Nicolas Bustamante, Raphaël Champeimont et Antoine Dusséaux. "Le Google du droit", "le moteur de recherche juridique" ou encore "l’intelligence artificielle au service des avocats et juristes", voici en quelques mots le concept Doctrine. Deux services sont proposés par la plateforme : la mise en place d'une base de données des décisions de justice et la mise au point d'un moteur de recherche dédié aux avocats et juristes d’entreprise.
Pour en savoir plus, nous avons interrogé Nicolas Bustamante (CEO), qui n'avait que 21 ans au lancement de Doctrine en 2016.
Bonjour Nicolas ! Qui es-tu ?
Je suis normalien, j’ai étudié le droit et l’économie avant de partir à San Francisco en 2015. J’ai lancé Doctrine en juin 2016 avec deux associés, Antoine Dusséaux qui faisait de l’intelligence artificielle à l’École Polytechnique et Raphaël Champeimont qui finissait sa thèse en intelligence artificielle à l’UPMC. Aujourd’hui je suis le CEO de Doctrine.
Peux-tu nous expliquer plus en détail le concept Doctrine ? Quels sont les avantages liés à son l’utilisation ?
Doctrine est le Google du droit. Nous avons créé un moteur de recherche d’intelligence artificielle qui agrège l’ensemble du contenu juridique et hiérarchise l’information pour l’utilisateur. Notre ambition est de supprimer la recherche d’information en devinant, avant même que l’utilisateur cherche, ce qu’il souhaiterait trouver ! En se focalisant sur un domaine particulier, le droit, Doctrine peut mener des projets ambitieux que Google ne peut pas réaliser.
Quelle est la cible ? Et pourquoi a-t-elle besoin de Doctrine ?
Nos clients sont des professionnels du droit à l’instar des avocats et des juristes d’entreprise. Les professionnels du droit passent leur journée à chercher de l’information pour connaître l’état du droit et mieux conseiller leurs clients. Le droit est une matière mouvante, des milliers de décisions, décrets, lois paraissent chaque jour. Grâce à Doctrine, l’adage “nul n’est censé ignorer la loi” est enfin une réalité.
Combien de personnes utilisent Doctrine ?
Des milliers d’avocats utilisent Doctrine au quotidien. Nous réalisons 20% de croissance par mois. Nous avons aussi ouvert gratuitement Doctrine aux 9125 magistrats en France. C’était une décision financière importante pour Doctrine car il faut que nos algorithmes supportent la charge de milliers de personnes supplémentaires, mais nous ne le regrettons absolument pas ; les retours sont très positifs !
Quel est ton business model ?
Nous avons un abonnement en ligne à 159 euros. Nous avons fait deux choses : diviser les prix par deux et rendre l’abonnement résiliable à tout moment alors que dans l’industrie les engagements vont jusqu’à trois ans. Une véritable révolution !
Qu’est-ce qui t’a poussé à te lancer dans un projet entrepreneurial ?
Définitivement l’envie de changer le droit pour faire que la société soit plus juste ! Je n’aurais pas pu avoir cet impact en tant que professeur de droit, magistrat ou avocat. Je ne regrette pas ma décision, chez Doctrine nous faisons du droit de haut vol tous les jours ! C’est passionnant d’appliquer l’intelligence artificielle au droit. Aujourd’hui nous formons des mathématiciens au droit et des juristes à l’informatique. Le 21ème siècle sera l’âge d’or du juriste tech !
Depuis combien de temps as-tu commencé ce projet ?
Quasiment 2 ans déjà. Nous sommes passés de 3 à 40 en quelques mois et nous recrutons 60 personnes en 2018.
Quelles difficultés as-tu rencontrées au lancement de Doctrine ?
Le challenge technique est d’une complexité incroyable. Pour avoir un moteur de recherche juridique pertinent nous avons dû améliorer les scores mondiaux en natural language processing - la branche de l’intelligence artificielle portée sur l’analyse de texte. Nous avons été reconnus par CB Insights comme des experts mondiaux dans le domaine, c’est une fierté.
Quelles sont les prochaines étapes pour Doctrine ?
Le recrutement de 60 personnes en 2018 et le déploiement à l’étranger. Notre projet d’ouverture du droit et de transparence du droit est un projet mondial. Nous voulons simplifier l’accès à l’information juridique partout dans le monde.
Quel(s) conseil(s) donnerais-tu aux jeunes qui voudraient se lancer dans un projet entrepreneurial pour les aider ?
- Trouver des excellents associés qui sont complémentaires et avec qui vous vous voyez traverser des moments difficiles.
- Préparez-vous à y consacrer 10 ans minimum de votre vie. L’engagement à moins de 100% ne fonctionne pas.
Merci Nicolas, bonne chance à toi et ton équipe dans la suite de votre aventure !