Sommaire :
C'est un sujet récurrent de l'actualité que j'ai choisi de traiter aujourd'hui. Au cours des derniers mois, de nombreux témoignages ont permis à celles et ceux qui restaient silencieux de parler du cauchemar qu'ils avaient pu vivre. On a beaucoup entendu parler de personnalités comme Angelina Jolie ou encore Cara Delevingne qui ont dénoncé certaines dérives dans le star-system Hollywoodien. Mais le harcèlement, qu'il soit sexuel, moral ou physique, peut toucher n'importe qui, dans n'importe quel milieu. Voici comment l'identifier au travail, et comment s'en sortir.
Le commencement
On a toujours tendance à penser que le harcèlement n'arrive qu'aux autres, jusqu'à ce que ça nous arrive ou que l'on en soit témoin. La récente actualité a permis de dépoussiérer ce tabou, et de montrer au monde entier à quel point les victimes sont nombreuses. Pour rappel, le harcèlement est un enchaînement d'agissements hostiles dont la répétition affaiblit psychologiquement l'individu qui en est la victime. Le harcèlement peut être exercé de plusieurs façons : morale, physique, de rue, sexuelle, scolaire, etc.
Alors, patrons qui usent de leur autorité pour obtenir des faveurs, collègues aux phrases déplacées... Quand on est nouveau dans une entreprise, on fait profil bas, on cherche à relativiser, puis on finit par se dire qu'on n'est peut-être pas fait pour ce travail. C'est la première erreur, et c'est exactement ce que le harceleur veut que la victime pense. Le harceleur est un pervers (sexuel, narcissique, sadique), et étymologiquement, le "pervers" c'est celui qui cherche à renverser la situation. Il cherchera donc à ce que sa victime cherche des raisons personnelles à la situation, qu'elle pense que c'est sa faute.
Identifier le harceleur
Il existe 3 grandes catégories de pervers :
- Le pervers sadique
Porté sur la souffrance de l'autre, il cherchera à isoler la personne. Dans l'entreprise, cela aura pour effet de surcharger le salarié en accentuant ses horaires de travail de façon aléatoire, en supprimant ses congés, il usera de son pouvoir pour mettre la victime dans une situation de soumission où elle n'a d'autres choix que d'accepter de peur de perdre son travail. Véritable cercle vicieux, pour ne pas se lasser de ce jeu, le pervers sadique cherchera toujours à amplifier son pouvoir, et peut chercher à instrumentaliser la victime, ce qui peut créer des situations violentes comme le harcèlement sexuel ou physique.
- Le pervers narcissique
A la différence du sadique, le pervers narcissique joue un véritable double-jeu. Charmant au premier abord, il offre un discours séduisant et gagne la confiance de ses interlocuteurs. Son vrai visage ne peut être vu que par ses victimes. C'est pourquoi il est véritablement difficile d'en parler à son entourage. Il cherchera davantage à manipuler de manière psychologique, plutôt qu'en abusant de son pouvoir. Il use de pièges subtils pour isoler la personne : faisant preuve d'une absence totale d'empathie, il ne montrera sa froideur qu'une fois la victime séduite. De par son autorité surréaliste, il dénigrera sans pitié le travail de l'individu, il soulagera son ego par des insultes et des réflexions rabaissantes. Jamais satisfait, lorsqu'il sent que sa victime est en train de craquer il redeviendra la personne charmante du début pour regagner sa confiance et créer la confusion. Une fois que la boucle est bouclée, il recommence, encore et encore.
- L'enfant Roi
Souvent assez jeune, il méprise tous ses collaborateurs et refuse la contestation. Son attitude est immature et il pense que tout lui est dû. Son égocentrisme se ressent dans sa façon d'être et donne lieu à des colères impressionnantes lorsqu'il n'a pas ce qu'il désire. Il ne laisse rien passer et aura la fâcheuse habitude de s'immiscer dans le travail de ses collègues. Un exemple typique est qu'il déteste être relayé au rang de second, il aura alors tendance à voler le travail des autres pour s'en attribuer les mérites. Il faut donc se méfier de ces crises qui peuvent devenir violentes si l'on se trouve seul(e) avec l'enfant Roi.
On peut donc voir dans ces différents profils qu'une caractéristique est récurrente : le pouvoir hiérarchique. Sans cela, la plupart des pervers sont inoffensifs et jamais vous ne les rencontrerez sur votre lieu de travail. Mais cela n'est pas sans risque non plus puisque le pervers dépourvu d'autorité légitime cherchera alors à rentrer dans la sphère privée de la victime. L'individu harceleur change ses opinions, ses comportements, ses sentiments selon les personnes et les situations. Pour l'identifier, il est nécessaire de se pencher sur ses relations personnelles et de se poser des questions du type "Qui sont ses ami(e)s ?", "Comment est-il perçu par les autres ?", "Quelle est son histoire ?". Vérifier ses propos ne coûte rien. Car dans tous les cas le pervers est un menteur aguerri, la manipulation est son domaine de prédilection et il déteste que sa parole soit remise en doute car cela affecte sa stratégie de domination.
L'une des meilleures façons de reconnaitre un harceleur et de s'en défendre, c'est donc de le percer à jour dès le début et de comprendre le mécanisme psychologique qui le pousse à agir. On arrive alors à anticiper ses actions et à lui inspirer de la crainte.
Ce que dit la loi
Outre l'autodéfense, il arrive un moment où l'on n'a pas d'autres choix que de dénoncer ces pratiques car il peut devenir dangereux de tenter de résoudre la situation seul. Il faut savoir que le Code du Travail et le Code Pénal punissent le harcèlement : «Aucun salarié ne doit subir des agissements répétés de harcèlement moral qui ont pour objet ou pour effet une dégradation de ses conditions de travail susceptible de porter atteinte à ses droits et à sa dignité, d'altérer sa santé physique ou mentale ou de compromettre son avenir professionnel», selon l'article 1152-1 du Code du travail.
3 solutions s'offrent alors :
- Porter plainte contre l'entreprise (personne morale) auprès des Prud'hommes
- Porter plainte contre le harceleur (personne physique) au Pénal
- En parler aux syndicats qui peuvent engager des actions avec l'accord écrit du salarié
Aux Prud'hommes, il n'est pas nécessaire d'apporter de preuves du harcèlement, seuls des témoignages, des mails ou autres éléments venant appuyer la déclaration sont conseillés. Il appartiendra ensuite à l'employeur d'apporter la preuve du contraire.
L'accusé risque alors une peine de 2 ans de prison et une amende de 30.000€.
Peut également être sanctionnée, l'inertie du salarié témoin de harcèlement. Pour rappel, les salariés témoignant d’actes de discrimination, de faits de harcèlement moral ou de corruption au sein de l’entreprise sont protégés par le Code du travail et ne peuvent pas faire l’objet de sanctions disciplinaires.
Et après ?
"Les difficultés ne sont pas faites pour abattre mais pour être abattues"
Une fois que le mal est fait, il faut réparer. Le plus dur est passé mais les sequelles laissées aux victimes de harcèlement peuvent être lourdes (isolement, perte de confiance en soi, désociabilisation, peur de l'autre, stress, cauchemard, difficulté à accorder sa confiance à nouveau...). Il est donc nécessaire de parler de ce qui a été vécu, de se confier pour libérer sa conscience. Outre le fait de se sentir écouté, témoigner permet de sensibiliser et de prévenir ces pratiques, et ainsi d'éviter que le harcèlement se banalise. De plus, de nombreuses associations d'aide aux victimes de harcelement existent en France, il ne faut pas hésiter à les contacter.
En bref, ne jamais perdre confiance en soi et continuer à avancer !