Une idée de start-up ? Pensez valeur(s) !

Une idée de start-up ? Pensez valeur(s) !

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Publié le 03 janvier 2018 , par Guillaume Plaisance

A lieu en ce moment la Social Cup – la coupe de France de l’entrepreneuriat social dédiée aux étudiants et jeunes de moins de 30 ans –, durant laquelle j’ai été mentor à Bordeaux. Mon principal conseil aux porteurs de projets ? Pensez valeur(s) !

Identifier un besoin, avoir une idée, penser même aux moyens de développer une solution innovante est, a priori, à la portée de tout un chacun. Mais la réussite effective d’un projet entrepreneurial ne tient pas qu’à sa pertinence. Les points de passage obligés sont nombreux, et de plus en plus connus des porteurs de projet. Mais, avant le passage à l’acte, quelles questions se poser sur son idée ? Une proposition d’analyse.

Quelle(s) valeur(s) ?

Pour guider la réflexion autour de son idée d’entreprise ou d’innovation, pensons valeur(s) ; à la fois d’un point de vue économique (« l’évaluation d'une chose en fonction de son utilité sociale »), social (« qualité de ce qui est désiré parce que jugé comme objectivement désirable ») et personnel (« qualité objective correspondant à un effet souhaité, à un but donné »).

La première question à se poser porte sur les valeurs. Quelles sont les convictions qui animent mon projet ? Pourquoi ai-je été interpellé par un besoin spécifique plutôt que par un autre ? Ces questions sont fondamentales parce qu’elles permettent au porteur de projet de se mettre en phase avec son idée ainsi qu’avec le processus complet de création. Il est fondamental que ce que je fais soit en résonance avec ce que je suis.

C’est aussi une préoccupation pour les parties prenantes qui entourent la future start-up, et notamment les financeurs. Le porteur de projet est aussi important que le projet en lui-même, en considérant – peut-être à tort –  que l’idée sera toujours plus malléable que l’individu qui la porte. Aussi, la rigidité de certains porteurs quant aux changements à apporter à leurs idées et aux projets peut se comprendre au filtre de ces valeurs.

La deuxième question qui doit venir à l’esprit est bien entendu la création de valeur. Aucune structure entrepreneuriale ne peut survivre sans dégager un minimum de rentabilité et de flux de trésorerie (appelés aussi les free cash-flows). La liquidité de l’entreprise ainsi repose sur sa capacité à créer de la valeur. Le mythe de l’entreprise renflouée chaque année par un puissant investisseur pour éviter qu’elle ne disparaisse n’est qu’exceptionnel. Sans même imaginer vivre de son activité, le porteur de projet doit s’assurer qu’elle peut se maintenir à flot durant les années à venir. Il s’agira de l’une des premières interrogations portées par les partenaires.

La troisième question – et il ne s’agit pas là de la dernière, au contraire – porte sur la valeur « ajoutée ». Loin des idéaux comptables, la valeur ajoutée d’un projet se comprend par son critère différenciant par rapport aux autres propositions présentes sur le marché. Mais aussi, la valeur ajoutée correspond aux facteurs clefs de succès, et notamment … le porteur de projet lui-même ! La notion d’innovation est donc au cœur de ce troisième raisonnement.

Bien entendu, ces trois questions autour de la valeur ne suffisent pas à couvrir tout le projet, au contraire. Mais elles permettent de guider un porteur de projet au stade de l’idée, ainsi que des potentiels partenaires pour l’accompagner.

Association ou entreprise ?

Dans le cadre de la Social Cup, les projets ont une vocation sociale. Alors, quand on les analyse au regard des 3 formes de valeurs déjà abordées, une préoccupation peut apparaître : les flux financiers ne permettront pas à la structure de survivre. L’idée a beau être brillante, le besoin bien identifié, le porteur de projet aguerri ; certains projets n’arrivent pas à construire un modèle financier suffisant.

Dans ce cas, il n’est pas inutile de songer à une autre forme de structure juridique, telle que les associations à but non lucratif. Bien sûr, cela signifie qu’elles auront peut-être une dépendance aux ressources extérieures et que le profit n’est pas partagé entre les membres. Mais l’économie sociale et solidaire, et spécifiquement le monde associatif, peut sembler plus pertinent si la création de valeurs (au sens financier) n’est pas au rendez-vous.

La valeur, au coeur de tous les projets entrepreneuriaux 

Les interrogations présentées ici peuvent sembler adaptées uniquement aux projets d’entrepreneuriat social, notamment du fait des questions de valeurs. En réalité, s’interroger sur les convictions profondes qui animent le porteur de projet est la base de toute réflexion entrepreneuriale. Impossible pour un projet d’être hors sol… Aussi, l’enjeu de gouvernance (qui touche aussi les start-ups en tant que satisfaction de l’ensemble des parties prenantes) peut se résumer à cette analyse de la valeur. Remettre les convictions au cœur de notre pensée économique peut, à n’en pas douter, lui permettre de prendre un nouveau souffle. C’est en tout cas ce que nous pouvons constater, avec plaisir, chaque jour, avec l’exemple de la civic tech.